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Internal Family Systems (IFS), un modèle de psychothérapie qui fête ses 30 ans et qui se développe en France

Le modèle Internal Family Systems est un modèle de psychothérapie qui a évolué au cours des trente ans passés pour devenir un modèle global s’appliquant aussi bien aux personnes qu’aux couples et aux familles. Ce modèle représente une synthèse de deux paradigmes existants : l’approche systémique et l’approche basée sur la multiplicité du psychisme. Ce modèle emprunte également certains concepts aux écoles de thérapie familiale structurale, stratégique et narrative, ainsi que des techniques variées, appliquées au monde des sous-personnalités.

Cette synthèse est le résultat d’une évolution qui s’est produite lorsque, jeune thérapeute familial enthousiaste, Richard Schwartz a commencé à prendre en compte ce que ses patients lui rapportaient spontanément de leur expérience de leur monde intérieur. Ils lui décrivaient ce qu’ils appelaient des « parties » d’eux, des sous-personnalités souvent en conflit les unes avec les autres (le petit ange et le démon sur les épaules, une partie voudrait manger du chocolat, une autre pense que ce n'est pas raisonnable...).
 

Ceci ne constituait pas en soi, une découverte. De nombreux théoriciens avaient déjà décrit ce même type de réalité, à commencer par Freud avec les concepts du Ça, du Moi et du Surmoi, et plus récemment les concepts d’objets intérieurs dans l’approche de la relation d’objets. Cette idée de multiplicité est également au centre d’autres modèles comme en analyse transactionnelle (les «états du moi») et la psychosynthèse («les sous-personnalités»), et a fait son apparition dans le modèle cognitivo-comportemental («schémas»). Cependant, avant l’apparition du modèle Internal Family Systems, la façon dont ces entités intérieures fonctionnaient en relation les unes avec les autres, n’avait pas fait l’objet d’attention particulière.

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​Du fait de sa formation première en thérapie systémique, Richard Schwartz se mit à observer les séquences d’interactions intra psychiques de la même façon qu’il avait coutume de le faire avec les membres d’une famille. Il remarqua que les sous-personnalités (appelées «parties» dans le modèle Internal Family Systems) étaient engagées dans des rôles types retrouvés d’une personne à l’autre. Elles établissaient à l’intérieur du psychisme, les mêmes schémas d’interaction que ceux qui étaient fréquemment observés entre les membres d’une même famille. Il constata que ces rôles et ces schémas relationnels n’étaient pas figés et pouvaient évoluer à la faveur d’interventions prudentes et respectueuses. Il commença à se représenter le psychisme comme une famille intérieure et entreprit d’appliquer à celle-ci les techniques qu’il employait en tant que thérapeute familial. Il jetait ainsi les bases d’une nouvelle forme de psychothérapie.

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Les principes de base du modèle IFS

  1. Le psychisme est constitué d’un grand nombre de sous-personnalités appelées « parties ».

  2. Chacun dispose d’un Self intact malgré les expériences de la vie y compris les plus difficiles; le Self est destiné à remplir le rôle de leader du système psychique de chaque personne.

  3. Chaque partie a une intention positive pour la personne, y compris lorsque son rôle se révèle destructeur. Il n’existe pas de partie « mauvaise » par essence ou malintentionnée. Le but de la thérapie n’est pas d’éliminer les parties mais de les aider à revenir à leur nature, à retrouver leur rôle préféré.

  4. Au cours de notre développement psychique, nos parties se développent et forment un système complexe d’interactions les unes avec les autres ; la théorie des systèmes s’applique au système psychique intérieur. Lorsque le système intérieur est réorganisé, les parties peuvent se transformer rapidement.

  5. Les changements du système intérieur influencent les changements du système externe et vice versa. Il en résulte qu’il est nécessaire d’évaluer les niveaux des systèmes à la fois externe et intérieur au moment de commencer et au cours d’une thérapie, pour évaluer à quel niveau systémique il est le plus opportun de travailler.

 

Les buts principaux de la thérapie IFS

  1. Parvenir à l’équilibre et à l’harmonie au sein du système intérieur.

  2. Différencier le Self des parties et aider celui-ci à devenir le leader efficace qu’il est destiné à être grâce au lien qui se crée entre lui et les parties.

  3. Lorsque le Self est en position de leader, les parties participent activement et apportent du feedback au Self mais respectent les décisions prises par celui-ci.

  4. Les parties prennent leurs places dans le système et libérées de leurs charges deviennent capables de faire profiter le système de leurs talents.

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Les parties

Le modèle Internal Family Systems, en évolution constante au gré des découvertes faites progressivement par Richard Schwartz, considère le psychisme comme un ensemble de sous-personnalités distinctes les unes des autres, possédant des qualités propres. Chacune est appelée et aspire à jouer un rôle important. Cependant, ces « parties » sont souvent forcées à s’écarter de ce rôle du fait de certains épisodes de la vie de l’individu, qui obligent le système intérieur à se réorganiser vers une configuration moins optimale. Par exemple, dans une famille où les parents sont alcooliques, on observe fréquemment que les enfants sont amenés à adopter des rôles protecteurs et stéréotypés (comme celui de bouc émissaire, de mascotte de la famille, celui de l’enfant invisible, etc.), du fait des dynamiques relationnelles entre les parents, ainsi qu’entre les parents et les enfants. Ces rôles ne constituent pas pour autant l’essence de la personnalité de ces enfants. Chaque enfant, une fois libéré de ce rôle forcé du fait de l’intervention thérapeutique, peut retrouver ou redécouvrir ses propres talents et intérêts, indépendamment des exigences de la famille chaotique dans laquelle il a pu grandir. Le même processus semble s’appliquer au système intérieur. Les parties sont contraintes d’adopter des rôles stéréotypés (forcés) du fait des circonstances extérieures. Une fois ces parties en sécurité, elles retrouvent volontiers leur rôle initial ce qui leur permet de contribuer positivement à l’harmonie du système intérieur.

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Quels sont les facteurs qui forcent ces parties à adopter ces rôles extrêmes et parfois même destructeurs ?

Le traumatisme constitue assurément un de ces facteurs (comme l’abus sexuel). Le plus souvent cependant, ce sont les valeurs véhiculées au sein de la famille ainsi que les modalités relationnelles dans la famille d’origine qui génèrent chez la personne qui en est issue, des conflits intra psychiques qui s’aggravent au cours de la vie et perturbent les autres relations, sociales, intimes, professionnelles. Ceci ne constitue pas non plus une observation nouvelle. Une des originalités de l’approche proposée par le modèle Internal Family Systems réside dans sa capacité à prendre en compte tous les niveaux de l’organisation humaine et interhumaine (intrapsychique, familial, social et culturel) avec les mêmes principes systémiques et à proposer à chacun de ces niveaux, les mêmes outils d’intervention.

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  1. Les sous-personnalités sont des aspects de notre personnalité qui entrent en interaction les unes avec les autres suivant des schémas similaires aux schémas d’interactions entre personnes.

  2. Les parties se manifestent de différentes façons : par des pensées, des émotions, des images, des sensations physiques, des souvenirs, etc.

  3. Toutes les parties ont une intention positive à l’égard de la personne ; elles utilisent différentes stratégies pour accroître leur influence au sein du système intérieur.

  4. Les parties développent un système complexe d’interactions entre elles. Les polarisations sont la conséquence des efforts des parties pour accroître leur influence au sein du système intérieur, aux dépends des autres.

  5. Les expériences vécues par une personne ont un impact sur ses parties, mais celles-ci ne sont pas créées par ces expériences. Elles existent indépendamment d’elles, soit de façon latente soit de façon manifeste.

  6. Les parties deviennent « extrêmes » car elles sont chargées de “fardeaux” (ou de rôles forcés), c’est-à-dire un complexe d’émotions, de croyances et de souvenirs en lien avec l’expérience traumatique. Ces fardeaux ne sont pas l’essence de la partie et sont destinés à être déchargés. Il est possible d’aider les parties à se libérer de leurs fardeaux pour leur permettre de retrouver leur état naturel.

  7. Les parties qui ont perdu confiance dans le Self, s’amalgament au Self ou tendent à s’identifier à lui en prenant l’ascendant sur lui, en ne lui laissant jouer dans le système qu’un rôle secondaire.

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Les managers, les pompiers et les exilés

Existe-t-il des rôles endossés par les parties qui soient retrouvés de façon reproductible entre les individus ?

Richard Schwartz a pu en effet, identifier à partir de son expérience clinique des rôles communs à un certain nombre de parties. Chez la majorité de ses patients il avait pu observer des parties dont l’objectif était de maintenir la capacité d’assumer une fonction ou une rôle donné dans la société et de préserver la sécurité. Ces parties essayaient d’exercer un contrôle sur l’environnement tant interne qu’externe de l’individu en s’efforçant, par exemple, de lui éviter de devenir trop dépendant ou proche émotionnellement, d’un tiers. D’autres critiquaient le comportement ou les performances de la personne, pour la pousser à améliorer ses résultats dans le domaine professionnel. D’autres encore la poussaient à s’occuper des autres plutôt que de prendre soin d’elle-même, pour lui éviter de se voir rejetée ou exclue. Ces parties qui se trouvent en position de protection et tentent de contrôler l’environnement relationnel de façon anticipatrice sont appelées managers.

Lorsqu’une personne a été humiliée, blessée, effrayée ou qu’elle a ressenti de la honte, certaines de ses parties vont conserver ces émotions, les souvenirs et les sensations liés à ces expériences pénibles. Les managers cherchent souvent à repousser ces émotions hors de la conscience et s’efforcent donc de reléguer ces parties qui se sentent vulnérables et fragiles. Ces parties tenues sous clé en quelque sorte, sont appelées les exilés.

Le troisième groupe de parties intervient lorsqu’un ou plusieurs des exilés est activé au point qu’il risque de submerger la personne de ses émotions intenses et de la rendre vulnérable et susceptible d’être blessée à nouveau. Ce groupe de parties s’efforce d’éteindre l’incendie des émotions pénibles aussi rapidement que possible. Elles sont appelées pompiers. Elles sont très impulsives et ont pour objectif de distraire ou de dissocier la personne des émotions trop pénibles des exilés. Les excès d’alcool, de drogues, de nourriture, de travail ou d’activité sexuelle constituent les activités favorites de ces pompiers.

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  • Les exilés

– Ce sont des parties jeunes qui ont souvent subi des traumatismes. Elles sont isolées du reste du système de façon à protéger la personne des émotions intenses, douloureuses, voire terrifiantes que ces parties éprouvent.
– Lorsqu’elles sont tenues à l’écart, elles deviennent de plus en plus extrêmes dans leurs émotions et leurs tentatives d’être écoutées.
– Elles sont responsables des sentiments de fragilité et de vulnérabilité éprouvés par la personne.

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  • Les managers

– Ce sont les parties qui sont en charge de notre vie quotidienne.
– Elles s’efforcent de contrôler les situations de la vie quotidienne ainsi que les relations, de façon à protéger la personne du fait d’être rejetée ou d’être de nouveau blessée.
– Elles mettent en œuvre des stratégies variées. Elles peuvent s’engager dans des alliances avec d’autres parties pour : contrôler, évaluer, prendre soin des autres, intimider, poursuivre le succès sans relâche, etc.

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  • Les pompiers

– Ce sont les parties qui réagissent lorsque les exilés ont été activés ; leur intervention a pour but de diminuer ou de couper la personne de ses émotions intenses et pénibles.
– Ils peuvent mettre en jeu différentes comportements souvent compulsifs : comportements ou substances tels l’alcool, les drogues, l’automutilation, le vagabondage sexuel, les dépenses effrénées, etc.
– Leurs buts sont identiques à ceux des managers (contenir les exilés) mais leurs stratégies sont différentes.

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Le Self

Une autre des principales caractéristiques du modèle Internal Family Systems est la mise en jeu du Self. Chaque individu dispose de façon distincte de ces parties, d’un Self doté de façon innée de qualités telles que la confiance, la compassion, et l’acceptation sans jugement. Vingt années de pratique clinique auprès de centaines de patients, dont certains sévèrement maltraités et manifestant des symptômes très graves, ont convaincu Richard Schwartz que nous disposons tous de ce Self, même si nombre d’entre nous n’en faisons pas spontanément l’expérience dans notre vie quotidienne. En début de séance, thérapeute et client ont pour objectif de permettre au Self et aux parties de se différencier, ce qui permet aux ressources du Self de se manifester. A partir du moment où une personne a accès à son Self, il est alors possible de commencer à aider les parties à se libérer de leurs rôles forcés et de leurs fardeaux.

 

Richard Schwartz précise à propos du Self :

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« Je n’avais aucune idée de l’existence du Self lorsque j’ai commencé cette aventure, il y a plus de vingt-cinq ans. À l’image de nombreux jeunes des années soixante, j’avais été tenté de pratiquer la méditation afin de trouver un havre de paix où je pourrais me trouver à l’abri de la cacophonie intérieure qui m’habitait. Cette pratique me permit de deviner l’existence d’autres dimensions de moi-même mais je manquais de cadre de référence pour les appréhender. Je pratiquais aussi le sport et sur les cours de basket ou de football, j’avais occasionnellement pu faire l’expérience délicieuse de cet état fluide durant lequel mon esprit demeurait silencieux et laissait mon corps accomplir avec succès, ce qu’il souhaitait. Cependant, comme la majorité des jeunes de mon époque, j’étais aussi par manque de confiance en moi, préoccupé de bloquer ce courant. Je n’étais pas vraiment capable de remettre en question ces voix intérieures qui me soutenaient que j’étais paresseux, stupide et égoïste. J’étais convaincu qu’elles me décrivaient qui j’étais réellement. Ce n’est donc pas tant mon expérience personnelle qui m’a permis de découvrir l’existence du Self, que l’observation ultérieure des phénomènes psychiques de mes patients lorsque je les aidais à explorer leur monde intérieur ».

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  1. Le Self existe à un niveau différent de celui des parties.

  2. Lorsqu’il est différencié des parties, le Self se manifeste naturellement sous ses qualités de compétence, confiance, assurance. Il est capable d’écouter et de répondre au feedback.

  3.  Le Self est la ressource inaltérable et efficiente du système intérieur.

  4. L’affirmation que chacun dispose d’un Self constitue un point central du modèle IFS.

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Conflits intérieur

Richard Schwartz s’intéressa aux conflits intérieurs de ses patients et voulu leur appliquer les mêmes méthodes thérapeutiques, que celles qu’il avait l’habitude d’utiliser avec les familles. Il avait en effet constaté que ses patients entretenaient des conversations intérieures (avec leurs propres pensées et émotions) comme des personnes physiques d’une même famille l’auraient fait.

 

Voici une de ses premières descriptions qu’il fit de ce dialogue intérieur survenant chez une de ses patientes :

«J’invitais Diane, à demander à la voix pessimiste qui s’exprimait en elle, pourquoi celle-ci lui affirmait constamment qu’elle était sans valeur. A ma grande surprise, Diane me dit que cette voix lui avait répondu. Elle lui disait qu’elle était sans valeur, car elle ne voulait pas que Diane prenne de risque en général et en particulier celui d’être blessée de nouveau. Elle avait pour intention de la protéger. Cet échange me paraissait prometteur. Si cette voix pessimiste avait réellement des intentions bienveillantes, Diane pourrait peut-être réussir à négocier un rôle différent pour elle. Mais Diane n’était pas intéressée par cela. Elle était en colère contre cette voix et je l’interrogeais sur la raison de cette colère. La partie en colère se lança alors dans une longue tirade en expliquant que cette partie pessimiste avait rendu l’existence de Diane terriblement difficile et avait contribué à transformer chaque étape de sa vie en une épreuve.

Je réalisais alors que je ne parlais pas à Diane mais à une autre de ses parties qui se trouvait constamment en conflit avec la pessimiste. Lors d’une conversation précédente, Diane m’avait parlé d’un conflit intérieur permanent entre la partie d’elle qui la poussait à réussir et la partie pessimiste, qui affirmait qu’elle n’y arriverait pas. J’en ai donc conclu que la partie qui voulait qu’elle réussisse était intervenue durant sa conversation avec la pessimiste. J’invitais Diane à porter son attention sur la voix qui était en colère contre la pessimiste et à lui demander de ne plus intervenir durant ses échanges avec cette dernière. De nouveau et à ma grande surprise, cette partie accepta de se mettre de côté et la colère de Diane s’effaça en quelques secondes. Lorsque je demandais alors à Diane ce qu’elle ressentait envers la pessimiste, elle semblait être devenue une autre personne. D’une voix calme et douce, elle put lui témoigner sa reconnaissance pour son intention de la protéger et pour le travail qu’elle avait fourni pour parvenir à cet objectif. Son visage et sa posture avaient également changé en accord avec la compassion exprimée. Les échanges avec la pessimiste devinrent ultérieurement beaucoup plus aisés. »

 

Richard Schwartz décida d’appliquer cette pratique chez d’autres patients, qui consistait à demander à une partie interférente de se mettre de côté. Parfois, il était nécessaire de demander à deux ou trois parties différentes de se mettre de côté avant que le patient ne se trouve dans un état similaire à celui de Diane lorsque sa partie en colère eut accepté de se mettre de côté. Une fois atteint cet état calme et empreint de compassion, je demandais à mes patients quelle voix ou quelle partie se trouvait alors présente. Leur réponse se ressemblait toujours : « Ce n’est pas une partie comme les autres. C’est plutôt qui je suis réellement – mon vrai moi ».

Richard Schwartz avait découvert par accident une nouvelle méthode pour aider ses patients à accéder à leur Self. La thérapie devenait moins laborieuse et plus efficace à la fois pour lui et pour ses patients. Ceux-ci commencèrent à entretenir avec leurs parties des relations qui semblaient satisfaire leurs besoins. Cette capacité à éprouver de la compassion, de la lucidité et une sagesse nouvelle vis à vis de leur monde intérieur, les aidait à mieux aborder leurs difficultés. Diane put expliquer à sa partie pessimiste que, bien qu’elle ait été blessée et qu’elle ait eu besoin de se refermer sur elle-même à une époque de sa vie, celle-ci n’avait maintenant plus besoin de la protéger de la même façon. Ces sous-personnalités ressemblaient en effet à des victimes de traumatismes, figées dans le passé. Leur développement paraissait comme bloqué dans le temps, au moment de la survenue de ces traumatismes.

D’autres parties avaient besoin d’être réconfortées, ou simplement écoutées. Le plus étonnant était que les patients, une fois dans cet état de Self, semblaient naturellement savoir ce dont leurs parties avaient besoin. Ils savaient comment établir une relation différente avec leurs parties.

« Mon rôle se réduisait à les aider à rester dans cet état de Self puis à m’effacer lorsqu’ils devenaient capables au gré des séances, de jouer pour eux-mêmes ce rôle de thérapeute de leur propre famille intérieure. »

Richard Schwartz essaya d’appliquer cette méthode aux relations interpersonnelles mises en jeu dans une famille. Il remarqua que lorsque les membres d’une famille engagés dans un conflit, parvenaient à obtenir de leurs propres parties qu’elles se mettent de côté et ainsi à communiquer depuis leur Self, ceux-ci pouvaient résoudre ces conflits avec très peu d’aide de sa part. Le Self de chacun semblait avoir la capacité à ressentir de l’empathie pour l’autre, de la même façon que les patients (travaillant de façon individuelle) semblaient en ressentir envers leurs propres parties. Ils pouvaient voir la blessure qui se cachait derrière le mur protecteur de l’autre personne et n’avait plus peur de perdre la face en s’excusant d’avoir pu contribuer à créer cette blessure. Richard Schwartz pris progressivement conscience du potentiel offert par la mise en jeu du Self dans le travail psychothérapeutique.

Cependant il continuait de rencontrer des difficultés car il remarqua que cet état de Self était peu durable et lorsque ses patients revenaient à la séance suivante, le système, qu’il soit intérieur ou extérieur, était revenu à sa configuration originale avec les schémas habituels d’interaction. Nombre d’entre eux de surcroît, ne parvenaient pas à atteindre cet état de Self : leurs parties n’acceptaient pas de se mettre de côté ou bien ne le faisaient que très temporairement. Richard Schwartz n’apprit plus tard que pour permettre à l’état de Self de se maintenir, il était nécessaire de guérir les parties blessées. Pour avoir accès à ces parties blessées, il était indispensable d’obtenir la permission des parties qui les protégeaient.

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Self Leadership : personne vivant de façon privilégiée depuis le Self

Le Self leadership selon le modèle Internal Family Systems, est défini comme l’état dans lequel les parties donnent ou redonnent leur confiance au Self. L’impact du traumatisme sur le système intérieur avait généré des relations figées entre parties chargées. Du fait du déchargement de l’exilé, les protecteurs acceptent de se défaire de leurs rôles forcés. Ce parties précédemment engagées dans une relation de défiance vis à vis du Self, peuvent de nouveau sur la base du constat que celui-ci peut assurer la sécurité du système, lui redonner leur confiance. Les qualités naturelles du Self se manifestent beaucoup plus dans la vie quotidienne de la personne.

« La vie psychique est de nouveau orientée et conduite par le Self. »

 

Richard Schwartz se rendit compte que le Self n’était pas réduit à un état de conscience passif, mais se manifestait comme une présence capable de s’engager dans une fonction de restauration des traumatismes et de guidance harmonieuse du monde des parties. Cet engagement pouvait ne pas être limité aux moments où, durant la méditation ou durant la thérapie, la personne concentrait son attention pour se séparer de ses pensées et de ses émotions ou s’en faire le témoin. Il pouvait perdurer, une fois rétablie, la confiance des parties dans le Self. Le Self pouvait être partie prenante lors des décisions et des interactions avec autrui. Même dans les moments de crise, la personne se sentait moins vulnérable grâce à la présence du Self. Au lieu de se sentir submergés par leurs émotions, les patients se sentaient capables de maintenir un état centré et stable, reconnaissant qu’il s’agissait simplement d’une partie d’eux-même qui était temporairement agitée et que cette partie allait bientôt se calmer. Ils pouvaient alors se maintenir « au centre de l’ouragan » sans se laisser emporter, comme au sein de « l’œil d’un ouragan ».

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Les qualités du Self

Quelles sont les caractéristiques du Self Leadership ?

Richard Schwartz ne connait pas la réponse complète à cette question. Après avoir travaillé pendant plus de vingt ans dans le but d’aider ses patients à atteindre un certain degré Self Leadership, il aime à décrire la façon dont ceux-ci évoluent dans leur vie quotidienne sous l’influence privilégiée et restaurée du Self.

Il a ainsi passé en revue un certain nombre de caractéristiques communes et établi une liste non limitative de qualités qui commencent toutes par la lettre C : curiosité, calme, clarté, compassion, confiance, créativité, courage et le sens de connexion.

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Les points centraux du modèle

  1. Le modèle met en jeu les ressources toujours disponibles du patient : le Self est intact, les parties ont la capacité de se transformer pour adopter des rôles positifs.

  2. Les concepts IFS permettent d’adopter une perception différente de soi et des autres.

  3. La perspective IFS encourage le patient à accueillir certains aspects occultés de sa personnalité ce qui rend plus facile la prise de responsabilité vis à vis de ses comportements.

  4. L’approche IFS restitue au patient sa capacité à conduire sa propre vie.

  5. Le modèle IFS offre un moyen de travailler avec les résistances et le déni.

  6. Le modèle IFS appréhende de façon écologique l’expérience thérapeutique, en incluant le thérapeute.

  7. L’IFS respecte l’expérience individuelle du patient dans l’approche de sa difficulté
    – Le patient présente sa problématique – le thérapeute n’est pas la source de la solution ni de toutes les interventions.

    – Le thérapeute reconnait dans le Self du patient un co-thérapeute et fait confiance à la sagesse innée du système intérieur de celui-ci.

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